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Transfoot - PORTRAIT CROISE DE DEUX ENTRAINEURS INCONTOUNABLES DU FOOTBALL FRIBOURGEOIS. CARLOS ET MARCOS MATOS, DEUX FRERES UNIS PAR LA MEME PASSION DU FOOTBALL. ILS S'EXPRIMENT OUVERTEMENT SUR DES THEMES A POLEMIQUE.
 

 

 
70 ans au service du football fribourgeois, autrefois de redoutables footballeurs en 2ème Ligue puis maintenant des entraineurs à succès, deux frères se confient en toute transparence sur des thèmes d’actualité. Carlos Matos, 49 ans entraineur de la deuxième équipe au FC Gumefens/Sorens en 3ème ligue et Marcos Matos, 39 ans, nouvel entraineur de la première équipe au FC Remaufens en 4ème ligue.

 

LA DOULEUR DU COVID19
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Quelles sont les séquelles du Covid19 pour le football amateur suisse ?
 
Carlos : Enormes ! Imagine que tu n’as plus de rentrée d’argent de la buvette, des locations, de la billetterie, des lotos, des brunchs et que les factures s’entassent. Les dirigeants doivent être nombreux à se demander comment ils vont pouvoir clôturer l’exercice 2019-2020.
Marcos : Carlos a raison ; la pelouse doit être tondue, l’électricité, les taxes payées, etc. De plus, sur le plan humain, le Covid19 a créé des manques chez tous les amoureux du ballon.

 

Après cette pause forcée, que changerais-tu dans le monde du football amateur suisse avec une baguette magique ?
 
Carlos : Je délierais les cordons de la bourse de l’ASF et les Associations régionales pour venir en aide aux Clubs durant cette période.
Marcos : J’instaurerais un cadre strict concernant les montants des transferts et des indemnités aux joueurs et entraineurs. L’argent fausse les championnats dans les ligues amateures.

 

Penses-tu que les sponsors vont continuer de soutenir les Clubs ?
 
Carlos : Je suis convaincu que les entreprises vont continuer de soutenir les Clubs à l’avenir. Elles ont conscience de l’importance sociétale.
Marcos : Oui, les entreprises honoreront les engagements pour la plupart. En revanche les petites entreprises, frappées de plein fouet par cette épidémie, n’auront pas toutes les mêmes possibilités. Ces donateurs manquants impacteront le sport amateur, du moins sur le court terme, je pense.

 

Des Clubs vont-ils disparaitre ?
 
Carlos : Je ne crois pas que des Clubs vont disparaitre mais on peut imaginer que des fusions entre des Clubs vont s’accélérer.
Marcos : C’est difficile à dire, je ne connais évidemment pas la santé financière des Clubs. Il n’est pas interdit d’y penser.

 

SAISON 2020-2021
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Carlos, tu entames ta troisième saison à la tête de la deuxième équipe du FC Gumefens/Sorens. Une équipe rajeunie avec de nombreux juniors A promus, mais également des départs de joueurs très expérimentés. Penses-tu pouvoir maintenir l’équipe dans cette ligue de jeu et quelle sera ta méthode ?
 
Carlos : Douze jeunes joueurs ont intégré l’effectif. Ils seront encadrés par des valeurs sûres de l’ancienne école. La saison passée a été très difficile. Cette fraicheur sera bénéfique dans les moments difficiles, grâce peut-être à l’insouciance (rires). Continuer de travailler les fondamentaux techniques et tactiques, préparer la nouvelle génération à jouer des adversaires aguerris et solides, développer l’approche mentale lors d’une défaite mais aussi d’une victoire et consacrer une place importante à l’esprit d’équipe et à la solidarité.

 

Marcos, un nouveau projet au FC Remaufens s’annonce pour toi après de nombreuses saisons remplies de succès au FC Vuadens. Quels sont les objectifs fixés par le Club et quelle sera ta méthode pour y parvenir ?
 
Marcos : L’ambition du Club est la promotion en 3ème ligue et de gagner la Coupe de 4ème ligue. Des défis difficiles car les équipes du groupe sont de grande qualité. J’ai confiance en mon équipe car la motivation des joueurs est grande. Mais je sais aussi que pour réussir, il faut appréhender ces objectifs avec une très grande modestie et un grand respect pour les adversaires. Ma méthode est la même depuis toujours. De la discipline, une bonne condition physique et un bon état d’esprit. Sans un travail sérieux et régulier à l’entrainement, les objectifs ne pourront pas être atteints.

 

LA LIGUE AMATEURE EN VRAC
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Qui sera le champion dans ton groupe ?
 
Carlos : Pour autant que les groupes restent identiques à la saison passée, je dirais sans hésiter le FC Matran.
Marcos : Vu l’objectif que mon Club a affiché, je me vois obligé de désigner le FC Remaufens (rires).
 
Qui est le meilleur joueur amateur en activité ?
 
Carlos : Je dirais Steve Doutaz (FC Gumefens/Sorens 2ème ligue). Joueur très polyvalent et un attaquant de haut niveau, très complet. Un « poison » pour les défenses adverses. De plus, il incarne le patron sur le terrain et au-delà un modèle pour tous avec un état d’esprit irréprochable.
Marcos : Je pense à Angelo Moura Carvalho (FC Haute Gruyère 2ème ligue). Jeune joueur, très fin technicien, élégant avec beaucoup d’amplitude et d’influence dans le jeu.

 

Qui est le meilleur joueur amateur avec qui tu as joué ?
 
Carlos : Hervé Timonier (FC La Tour-de-Trême 2ème ligue), joueur élégant, classe, un professionnel dans son attitude, un joueur très fort, actuellement entraineur du FC Bas-Gibloux en 3ème ligue.
Marcos : Vincent Schwitzgebuhl, gardien de but (FC La Tour-de-Trême 2ème ligue), un mur infranchissable avec qui j’ai énormément appris.

 

Qui est le joueur le plus Fair-play que tu as connu ?
 
Carlos : Cela date un peu, c’était un joueur de 2ème ligue, un attaquant qui évoluait au FC Châtel-Saint-Denis, Zeljko Pustivuk, un buteur patenté. Ancien pro de l’ex-Yougoslavie, « Pusti » était un modèle de Fair-play et pourtant il était serré de très près par les défenses. Malgré les coups qu’il recevait, les tacles appuyés dont il était victime et il ne râlait jamais. Après un match et malgré l’adversité, il partageait toujours le verre de l’amitié avec chacun d’entre nous, sans rancœur, dans la victoire comme dans la défaite.
Marcos : Sans hésiter, David Meier (FC La Tour-de-Trême 2ème ligue). Sur le terrain et en dehors du terrain, il a toujours été respectable et respecté. C’était un joueur exemplaire dans le football et qui continue de l’être actuellement au travers du Futsal.

 

Qui sera le Champion suisse de Super League ?
 
Carlos : Pour cette saison, je miserais le FC Saint-Gall avec son public. Sans public alors je dirais plutôt le FC Bâle. Pour la prochaine saison, j’opte pour la même perspective, FC Saint-Gall avec public, une équipe avec d’excellents jeunes joueurs.
Marcos : J’espère bien que ce sera le FC Saint-Gall, pour la saison en cours. Et pour la prochaine saison, je pense que le Club qui a le plus gros budget l’emportera donc je mise sur le BSC Young Boys.

 

Quelle est la meilleure équipe d’Europe ?
 
Carlos : Le FC Barcelone, sans hésiter.
Marcos : Actuellement le FC Barcelone.

 

Qui est le meilleur joueur de tous les temps ?
 
Carlos : Sans hésiter Messi (FC Barcelone). Il a six ballons d’or et selon moi, il devrait en avoir huit. Il est supérieur à tous les autres footballeurs en activité. Le Barça joue à douze voir treize avec Messi sur le terrain. Tous les joueurs professionnels du monde rêvent un jour d’évoluer ou de s’entrainer une fois au côté de Lionel Messi. Ceci dit, je respecte tous les autres grands joueurs d’hier et d’aujourd’hui comme Cruyff, Maradona, Platini, Cristiano Ronaldo et tant d’autres.
Marcos : Iniesta (FC Barcelone) car il incarne le footballeur absolu. Il a gagné tous les titres, il a été décisif par des buts importants, il a fait gagner les autres, il a fait marquer les autres. Un talent hors norme qui influençait le jeu comme personne, tout en restant discret et déterminé. Un joueur doté d’un Fair-play exceptionnel.

 

POLEMIQUONS UN PEU
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Le football de LNA et LNB féminin doit-il être considéré par l’ASF comme professionnel ?
 
Carlos : Oui évidemment, si je me réfère à la qualité de l’équipe nationale suisse qui figure dans les vingt meilleurs pays au monde et aux joueuses qui ont fait les beaux jours des Clubs européens. Me viennent à l’esprit Lara Dickenmann, Ramona Bachmann et Gaëlle Thalmann, de très grandes professionnelles.
Marcos : Le football de LNA a toute sa place dans le football professionnel. Il suffit de se référer aux excellents résultats de l’équipe nationale. On peut aussi prendre comme référence le parcours de Gaëlle (Thalmann), notre Bulloise dont nous sommes fiers et qui est une grande professionnelle. Son parcours exemplaire à l’étranger (Allemagne et Italie) montre que nos footballeuses ont un niveau exceptionnel. Il doit se professionnaliser et selon moi l’ASF a un rôle prépondérant en mettant les infrastructures en place, en l’accompagnant et en le soutenant.

 

L’ASF a-t-elle géré correctement la crise du Covid19 pour le football amateur suisse ?
 
Carlos : Oui, l’ASF a pris globalement les bonnes décisions. Elle a suivi les directives de la Confédération.
Marcos : Je pense que l’ASF a pris les mesures et les décisions qu’il fallait. Il faudra rester prudent lors de la reprise.

 

Pour le football pro ?
 
Carlos : Il était primordial que les championnats professionnels arrivent à termes. Si la billetterie reste une part importante des rentrées financières des Clubs suisses, les droits TV, le sponsoring, le marketing sont également des mannes essentielles pour équilibrer un bilan et limiter les dégâts.
Marcos : Par rapport à la France qui a arrêté définitivement le championnat, la Suisse a pris la bonne décision en terminant l’exercice sans spectateurs. Les joueurs ont besoin de compétition et les Clubs de rentrées financières pour ne pas tomber en faillite.

 

Nos arbitres amateurs ont-ils un bon niveau ?
 
Carlos : Je dirais que globalement oui. Comme nous, parfois ils réussissent une super performance et parfois ils sont en dessous.
Marcos : Je ne m’exprime jamais sur les arbitres. Joker.

 

A TOI LA PAROLE
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Quel est ton plus beau souvenir de joueur ?
 
Carlos : Deux souvenirs… Le premier, c’était un doublé il y a 20 ans, la promotion en 2ème ligue inter avec le FC La Tour-de-Trême contre le FC Portalban/Gletterrens et le titre en coupe fribourgeoise. Le second était ce match amical contre Galatasaray (Turquie) avec Marcos, un souvenir exceptionnel.
Marcos : Sans doute le match amical contre Galatasaray (Turquie) en 2000 qui venait d’être titré champion UEFA. Avec mon frère Carlos qui était également aligné lors de ce match, j’avais eu la chance d’échanger au terme de la rencontre mes gants avec Tafarel, mon vis-à-vis du jour et qui n’était autre que le gardien champion du Monde avec le Brésil. Je n’avais que 18 ans à l’époque. Pouvoir jouer contre des stars internationales avait été très émouvant.

 

Quel est ton plus beau souvenir d’entraineur ?
 
Carlos : Les finales en 4ème ligue avec le FC Broc lors de ma dernière saison dans ce Club. Nous n’étions pas favoris et malgré tout, nous sommes allés loin. Je me souviens du dernier match perdu, je me suis retrouvé à la fin du match, seul sur le banc de touche face à l’échec et ma femme et mes enfants sont venus en courant me faire un câlin. Ce moment de contraste entre la tristesse et la joie m’a beaucoup marqué.
Marcos : Le beau souvenir a été la promotion en 3ème ligue avec le FC Vuadens. Une équipe fantastique et des joueurs extraordinaires comme Viti qui avait marqué 43 buts durant la saison.

 

Un message à faire passer ?
 
Carlos : Le football amateur est le poumon de la société. Il apporte tellement de plaisir à des milliers de personnes chaque weekend qu’il doit être soutenu et bichonné. Cette pandémie nous a permis de nous rendre compte que s’il n’existait plus, une grande partie de la population serait triste. Vive le foot !
Marcos : J’observe beaucoup ce qui se passe dans la formation et je suis un peu déçu. On devrait davantage investir dans la formation des entraineurs, l’encadrement et le suivi post-formation. La formation est la ressource de nos équipes d’actifs dans le futur. Malheureusement trop de Clubs misent plutôt sur d’anciens joueurs que sur des jeunes talents. Trop de jeunes se retirent très vite du football, ce qui est dommage.

 

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Interview réalisé par Léonie S. pour Transfoot.ch